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Democracy: The God that Failed

Dans un effort de toujours plus éduquer et informer mes lecteurs et ma communauté, j’aimerai partager un ouvrage totalement indispensable à connaître aujourd’hui. Ce livre, de l’auteur Hans-Hermann Hoppe, se nomme Democracy : The God that Failed, ou si on le traduit en français : Démocratie : le Dieu qui a échoué.

Selon moi, même si cela ne signifie pas que je suis en total accord avec tous les éléments de ce livre, je recommande en général fortement la lecture de ce dernier pour comprendre en profondeur notre société actuelle.

En effet, il permet grandement de mieux comprendre les défauts inhérents au système occidental, ses problèmes ainsi que les sources de ces problèmes et bien évidemment, les éventuelles solutions possibles.

Je suis étonné de la difficulté à le trouver en français, alors que pour les anglophones, ce livre est distribué gratuitement en version PDF par plusieurs instituts, comme notamment l’Institut Mises.

Pour cette raison j’ai décidé de partager ce livre sur mon propre site afin de faciliter sa découverte, sa lecture et surtout afin de contribuer à l’amélioration de la compréhension générale des enjeux politiques et géopolitiques passés, actuels et futurs.

Vous trouverez donc juste en dessous de ce paragraphe, le bouton pour vous procurer gratuitement le livre en version PDF. Une version gratuite, traduite en français, que l’auteur a pu distribuer lui-même par le passé.

J’ai pensé utile de vous mettre un extrait du livre juste en dessous, pour également vous donner la brillante mise en contexte qu’offre l’introduction.

La Première Guerre mondiale marque un des grands tournants de l’histoire moderne. Avec sa fin fut achevée la transformation de tout le monde occidental, du régime monarchique et ses rois souverains, au régime démocratico-républicain et ses peuples souverains, qui débuta avec la Révolution Française. Jusqu’en 1914, il n’existait que trois républiques en Europe : la France, la Suisse et après 1911, le Portugal1 ; et de toutes les monarchies européennes, seul le Royaume Uni pouvait être classifié comme un système parlementaire, c.-à-d. où le pouvoir suprême est confié à un parlement élu. Juste quatre ans plus tard, après l’entrée des États-Unis dans la guerre européenne et la détermination décisive de son issue, les monarchies eurent pratiquement disparu, et l’Europe comme le monde entier était entré dans l’ère du républicanisme démocratique.

En Europe, les Romanov, Hohenzollern et Habsbourg, militairement vaincus, durent abdiquer ou renoncer et la Russie, l’Allemagne et l’Autriche devinrent des républiques démocratiques à suffrage universel — hommes et femmes — et gouvernements parlementaires. De même, tous les états successeurs nouvellement créés, à la seule exception de la Yougoslavie, adoptèrent des constitutions républicaines démocratiques. En Turquie et en Grèce, les monarchies furent renversées. Et même là où les monarchies restèrent officiellement en existence, comme en Grande-Bretagne, Italie, Espagne, Belgique et dans les pays Scandinaves, les monarques n’exerçaient plus aucun pouvoir étatique. Le suffrage universel des adultes fut introduit et tout le pouvoir étatique fut confié à des parlements et des agents «publics».

La transformation historique mondiale, passant de l’ancien régime des souverains royaux ou princiers au nouvel âge démocratique-républicain des dirigeants élus ou choisis par le peuple, peut également être caractérisée comme celle allant de l’Autriche et de la manière autrichienne à celle de l’Amérique et de la manière américaine. Cela est vrai pour plusieurs raisons. La première, c’est que l’Autriche lança la guerre et l’Amérique y mit fin. L’Autriche perdit, et l’Amérique gagna. L’Autriche était sous la coupe d’un monarque — l’Empereur François-Joseph — et l’Amérique sous la coupe d’un Président élu démocratiquement — le Professeur Woodrow Wilson. Plus important, cependant, la Première Guerre mondiale ne fut pas une guerre traditionnelle menée pour des objectifs territoriaux limités, mais une guerre idéologique ; et l’Autriche comme l’Amérique furent respectivement (et elles furent perçues comme telles par les parties en conflit) les deux pays qui incarnaient le plus clairement les idées entrant en conflit.

La Première Guerre mondiale commença comme un conflit territorial traditionnel. Cependant, avec l’engagement précoce et l’entrée officielle définitive des États-Unis dans la guerre en avril 1917, la guerre prit une nouvelle dimension idéologique. Les États-Unis avaient été fondés en tant que république, et le principe démocratique, inhérent à l’idée de république, venait tout juste d’être porté à la victoire, suite à la violente défaite et à l’anéantissement de la Confédération sécessionniste par le régime centraliste de l’Union. À l’époque de la Première Guerre mondiale, cette idéologie triomphante d’un républicanisme démocratique expansionniste avait trouvé son incarnation même dans le Président américain d’alors, Wilson. Sous le gouvernement Wilson, la guerre européenne devint une mission idéologique — rendre le monde sûr pour la démocratie et le libérer des dirigeants dynastiques. Wilson fut fou de joie quand, en mars 1917, le Tsar Nicholas II, allié des États-Unis, fut forcé d’abdiquer et qu’un nouveau gouvernement démocratico-républicain fut établi en Russie sous Kerenski. Le Tsar parti, la guerre était finalement devenue un conflit purement idéologique : celui du bien contre le mal. Wilson et ses plus proches conseillers en politique étrangère, George D. Herron et le Colonel House, n’aimaient guère l’Allemagne du Kaiser, l’aristocratie et l’élite militaire. Mais ils haïssaient l’Autriche. Comme l’a décrit Erik von Kuehnelt-Leddihn, concernant les positions de Wilson et de la gauche américaine : « L’Autriche était bien plus malfaisante que l’Allemagne. Elle existait en contradiction avec le principe Mazzinien de l’État national, avait hérité de nombreuses traditions ainsi que symboles du Saint Empire Romain (l’aigle à deux têtes, les couleurs noires et or, etc.) ; sa dynastie avait autrefois régné sur l’Espagne (une autre bête noire3) ; elle avait mené la Contre-Réforme, dirigé la Sainte-Alliance, combattu le Risorgimento, réprimé la rébellion magyare sous Kossuth (qui avait un monument à New York) et avait soutenu moralement l’expérience monarchique au Mexique. Habsbourg — le nom même évoquait le souvenir du catholicisme romain, de l’Armada, de l’Inquisition, de Metternich, de Lafayette emprisonné à Olmütz et de Silvio Pellico dans la forteresse de Spielberg à Brünn. Un tel État devait être brisé, une telle dynastie devait disparaître.»

Comme conflit de nature toujours plus idéologiquement motivé, la guerre dégénéra rapidement en une guerre totale. Partout, l’économie nationale toute entière fut militarisée (le socialisme de guerre),5et la distinction longtemps consacrée entre combattants et non-combattants et entre vie militaire et vie civile fut mise de côté. Pour cette raison, la Première Guerre mondiale conduisit à bien plus de pertes civiles — victimes de famines et de maladies — que de soldats tués sur les champs de bataille. De plus, du fait du caractère idéologique de la guerre, à sa fin seules la capitulation totale, l’humiliation et la sanction étaient possibles, hors de tout compromis de paix. L’Allemagne dut renoncer à sa monarchie et l’Alsace-Lorraine fut rendue à la France comme avant la guerre francoprussienne de 1870-71. La nouvelle république allemande fut accablée de lourdes réparations de long terme. L’Allemagne fut démilitarisée, la Sarre allemande fut occupée par les Français, et à l’Est, de larges territoires furent cédés à la Pologne (la Prusse occidentale et la Silésie). Cependant, l’Allemagne ne fut pas démantelée ni détruite. Wilson avait réservé ce sort à l’Autriche. Avec la chute des Habsbourg, l’Empire austro-hongrois tout entier fut démantelé. Et comme œuvre suprême de la politique étrangère de Wilson, deux nouveaux États artificiels, la Tchécoslovaquie et la Yougoslavie, furent ciselés à partir de l’ancien Empire. L’Autriche ellemême, durant des siècles une des grandes puissances d’Europe, fut réduite à son maigre fief germanophone ; et, comme autre héritage de Wilson, la minuscule Autriche fut forcée de rendre sa province pleinement allemande du Tyrol du Sud — se prolongeant jusqu’au Col du Brenner — à l’Italie.

Depuis 1918, l’Autriche est rayée de la carte des puissances politiques internationales. À l’inverse, les États-Unis ont émergé comme la puissance dirigeante mondiale. L’ère américaine — la Pax Americana — avait commencé. Le principe du républicanisme démocratique avait triomphé. Il allait triompher encore avec la fin de la Seconde Guerre mondiale et, une fois de plus, du moins en apparence, avec l’effondrement de l’Empire soviétique, à la fin des années 80 et au début des années 90. Pour certains observateurs contemporains, «la Fin de l’Histoire» était arrivée. L’idée américaine de démocratie universelle et mondiale s’est finalement imposée.

Pendant ce temps, l’Autriche des Habsbourg et l’expérience prototypique prédémocratique de l’Autriche ne supposait rien d’autre qu’un intérêt historique. Assurément, ce n’est pas que l’Autriche n’ait obtenu aucune reconnaissance. Même les intellectuels démocrates et les artistes de tout domaine d’activité intellectuelle et culturelle ne pouvaient ignorer l’énorme niveau de productivité austro-hongrois et en particulier la culture viennoise. En effet, la liste des grands noms associés à la Vienne de la fin du XIXe et du début du XXe siècle est comme infinie.7 Pourtant, cette énorme productivité intellectuelle et culturelle a rarement été mise en lien systématique avec la tradition prédémocratique de la monarchie des Habsbourg. Au contraire, sans qu’on l’ait considérée une simple coïncidence, la productivité de la culture autricho-viennoise a été « politiquement correctement » présentée comme preuve des effets synergiques positifs d’une société multi-ethnique et du multiculturalisme.

Pourtant, à la fin du XXe siècle, toujours plus de preuves s’accumulent qu’au lieu de marquer la fin de l’histoire, le système américain est lui-même dans une profonde crise. Depuis la fin des années 60 ou le début des années 70, les revenus des salaires réels aux États-Unis et en Europe occidentale ont stagné ou même chuté. En Europe occidentale notamment, les taux de chômage ont marqué une hausse sans interruption et dépassent actuellement les 10 %. La dette publique a partout atteint des sommets astronomiques, excédant même dans de nombreux cas le Produit Intérieur Brut annuel du pays.

De même, les systèmes de sécurité sociale sont partout en faillite ou prêts de l’être. De plus, l’effondrement de l’Empire soviétique n’a pas tant représenté un triomphe de la démocratie que la faillite de l’idée du socialisme, et il contenait donc également une inculpation du système américain (occidental) de socialisme démocratique — plutôt que dictatorial. De plus, dans tout l’hémisphère occidental, des dissensions nationales, ethniques et culturelles, le séparatisme et le sécessionnisme montent. Les créations démocratiques multiculturelles de Wilson, la Yougoslavie et la Tchécoslovaquie, se sont désintégrées. Aux États-Unis, moins d’un siècle de démocratie pur jus s’est traduit par une dégénérescence morale, une désintégration familiale et sociale en hausse constante, et une décadence culturelle sous la forme d’une augmentation continue des taux de divorce, d’illégitimité, d’avortement et de criminalité. Comme résultat d’une liste toujours plus longue de lois non discriminatoires — « discriminations positives » — et de politiques d’immigration non discriminatoires, multiculturelles et égalitaires, chaque coin et recoin de la société américaine est affecté par la gestion étatique et l’intégration forcée ; de ce fait, les conflits sociaux ainsi que les tensions et hostilités raciales, ethniques, morales et culturelles ont augmenté spectaculairement.

À la lumière de ces expériences sources de désillusion, des doutes fondamentaux quant aux vertus du système américain refirent surface. Que se serait-il passé, se redemandait-on, si, conformément à sa promesse de réélection, Woodrow Wilson avait laissé les États-Unis en dehors de la Première Guerre mondiale ? En vertu de sa nature contrefactuelle, la réponse à une telle question ne peut jamais être confirmée ni réfutée empiriquement. Pour autant, cela ne rend pas la question creuse ni la réponse arbitraire. Au contraire, en se basant sur une compréhension des événements historiques réels et des personnalités impliquées, on peut répondre, en détail et avec beaucoup de confiance, à la question sur l’alternative la plus probable du cours de l’histoire.

Si les États-Unis avaient suivi une politique étrangère strictement non interventionniste, il est probable que le conflit intra-européen se serait terminé fin 1916 ou début 1917, suite à plusieurs initiatives de paix, notamment par l’Empereur d’Autriche Charles I er. De plus, la guerre se serait conclue par une paix de compromis mutuellement acceptable et sauvant l’honneur, plutôt que par l’actuel diktat. Par conséquent, l’Autriche-Hongrie, l’Allemagne et la Russie seraient restées des monarchies traditionnelles au lieu d’être transformées en républiques démocratiques sans lendemain. Avec un tsar russe et des Kaiser allemand et autrichien en place, il aurait été presque impossible aux bolcheviks de s’emparer du pouvoir en Russie, et en réaction à une menace communiste croissante en Europe occidentale, aux fascistes et aux national-socialistes de faire de même en Italie et en Allemagne.10 Les millions de victimes du communisme, du national-socialisme et de la Seconde Guerre mondiale auraient été sauvées. L’étendue de l’ingérence et du contrôle étatique dans l’économie privée aux États-Unis et en Europe occidentale n’aurait jamais atteint les sommets connus aujourd’hui. Et plutôt que de voir l’Europe Centrale et de l’Est (et par conséquent la moitié du globe) tomber entre des mains communistes et être pendant plus de quarante ans pillée, dévastée et isolée de force des marchés occidentaux, toute l’Europe (et le monde entier) serait restée intégrée économiquement (comme au XIXe siècle) dans un système mondial de division du travail et de coopération. Les niveaux de vie mondiaux auraient augmenté énormément plus vite qu’ils ne l’ont fait en réalité.

Devant le contexte de cette expérience de pensée et le cours réel des événements, le système américain et la Pax Americana apparaissent — contrairement à l’histoire « officielle », qui est toujours écrite par les vainqueurs, c.-à-d. du point de vue des partisans de la démocratie — n’être rien de moins qu’un désastre absolu ; et l’Autriche des Habsbourg de l’âge prédémocratique apparaît fort attrayante.11 Certainement, il serait donc utile d’examiner systématiquement la transformation historique de la monarchie en démocratie.

Bien que l’histoire y joue un rôle important, ce qui suit n’est pas l’œuvre d’un historien mais d’un économiste et philosophe, cependant. Aucune donnée présentée n’est nouvelle ou inconnue. Néanmoins, si une originalité doit être affirmée, c’est que les travaux suivants contiennent des interprétations nouvelles et inhabituelles de faits généralement connus et acceptés ; de plus, c’est l’interprétation des faits, plus que les faits euxmêmes, qui sont au centre des préoccupations du scientifique et l’objet de la plupart des disputes et des débats. On peut, par exemple, vite tomber d’accord sur le fait qu’en Amérique au XIXe siècle, le niveau de vie moyen, la fiscalité et la réglementation économique étaient relativement bas, là où au XXe siècle, le niveau de vie, les impôts et la réglementation étaient élevés. Cependant, le niveau de vie au XXe siècle était-il plus élevé en raison de la hausse des taxes et des réglementations ou malgré la hausse des taxes et des réglementations, c.-à-d., le niveau de vie serait-il encore plus élevé si les taxes et les réglementations étaient restées aussi basses qu’elles l’avaient été au cours du XIXe siècle ? De même, on peut facilement convenir que les prestations sociales et les taux de criminalité furent bas dans les années 50 et qu’ils sont désormais tous deux relativement élevés. Pourtant, la criminalité augmenta-t-elle à cause de la hausse des prestations sociales ou malgré elle, ou la criminalité et les prestations n’ont-elles aucun lien et la relation entre ces deux phénomènes est-elle pure coïncidence ? Les faits ne fournissent pas de réponse à de telles questions, et aucun volume de manipulations statistiques des données ne peut espérer changer cela. Les données de l’histoire sont logiquement compatibles avec chacune de ces interprétations rivales, et les historiens, dans la mesure où ils sont juste historiens, n’ont aucun moyen de trancher en faveur de l’une ou de l’autre.

Si on veut faire un choix rationnel entre ces interprétations rivales et incompatibles, cela n’est possible qu’avec une théorie à sa disposition, ou au moins une proposition théorique dont la validité ne dépend pas de l’expérience historique mais peut être établie a priori, c.-à-d. une fois pour toutes par l’appréhension ou la compréhension intellectuelle de la nature des choses. Dans certains milieux, ce genre de théorie est tenue en piètre estime ; et certains philosophes, spécialement ceux de la variété empiristepositiviste, ont déclaré toute théorie semblable comme hors-limites, voire impossible. Il ne s’agit pas d’un traité philosophique consacré à une discussion sur des questions d’épistémologie et d’ontologie. Ici et dans ce qui suit, je ne souhaite pas directement réfuter la thèse empiristepositiviste selon laquelle il ne peut exister de théorie a priori, c.-à-d. des propositions qui affirment quelque chose sur la réalité et qui peuvent être validées indépendamment du résultat de toute expérience future.12 Il convient, cependant, de reconnaître d’emblée que je considère cette thèse — et, en fait, l’ensemble du programme de recherche empiriste-positiviste, qui peut être interprété comme le résultat de l’application des principes (égalitaires) de la démocratie au domaine du savoir et de la recherche et qui a donc dominé idéologiquement pendant la majeure partie du XXe siècle — comme fondamentalement erronée et minutieusement démentie.13 Ici, il suffit de présenter quelques exemples de ce qu’on entend par théorie a priori — et, en particulier, de donner de tels exemples tirés du domaine des sciences sociales — afin de calmer toute éventuelle suspicion et de recommander mon approche théorique comme intuitivement plausible et conforme au bon sens.

Voici des exemples de ce que j’entends par théorie a priori : Aucun élément matériel ne peut être à deux endroits à la fois. Deux objets ne peuvent occuper la même place. La ligne droite est la plus courte entre deux points. Deux lignes droites ne peuvent entourer un espace. Un objet quelconque entièrement rouge ne peut pas être tout vert (ni tout bleu ou jaune, etc.). Un objet quelconque s’il est coloré a aussi une dimension. Un objet quelconque s’il a une forme a aussi une taille. Si A est une partie de B et B une partie de C, alors A est une partie de C. 4 = 3 + 1. 6 = 2 (33 – 30). Il est invraisemblable que les empiristes doivent dénigrer ces propositions comme de simples conventions linguistico-syntaxiques sans aucun contenu empirique, c.-à-d. des tautologies « vides ». À l’opposé de cette vue et conformément au bon sens, je comprends ces mêmes propositions comme des affirmations de vérités simples mais fondamentales sur la structure de la réalité. Et, toujours en accord avec le bon sens, je considérerais comme confus quiconque voudrait « tester » ces propositions ou qui ferait état de « faits » contradictoires ou qui s’en éloignent. Une théorie a priori l’emporte sur l’expérience et la corrige (et la logique l’emporte sur l’observation) et non l’inverse.

Plus important, des exemples de théories a priori abondent aussi en sciences sociales, notamment en économie politique et en philosophie : L’action humaine, c’est la poursuite délibérée par un acteur d’objectifs appréciés avec des moyens limités. Nul ne peut délibérément ne pas agir. Chaque action vise à améliorer le bien-être subjectif de l’acteur au-delà de ce qu’il aurait été autrement. Une plus grande quantité d’un bien a plus de valeur qu’une plus petite quantité de ce même bien. Une satisfaction immédiate est préférée à une satisfaction ultérieure. La production doit précéder la consommation. Ce qui est consommé maintenant ne peut plus l’être dans le futur. Si le prix d’un bien baisse, il en sera acheté la même quantité ou une quantité supérieure, plutôt que l’inverse. Des prix fixés en dessous des prix d’équilibre du marché conduiront à des pénuries durables. Sans propriété privée des facteurs de production, ces facteurs ne peuvent avoir aucun prix et sans prix des facteurs, la comptabilité analytique est impossible. Les taxes sont une contrainte sur les producteurs et/ou les propriétaires de richesses qui réduisent la production et/ou la richesse en deçà de ce qu’elle aurait été autrement. Le conflit interpersonnel n’est possible que si et dans la mesure où les biens sont en pénurie. Aucune chose ou partie d’une chose ne peut appartenir exclusivement à plus d’une personne à la fois. La démocratie (le règne de la majorité) est incompatible avec la propriété privée (la propriété individuelle et le règne individuel). Aucune forme de taxation ne peut être uniforme (égale), mais toute taxation implique la création de deux classes distinctes et inégales, les contribuables versus les bénéficiaires-consommateurs d’impôts. La propriété et les titres de propriété sont des entités distinctes, et un accroissement de ces derniers sans accroissement correspondant de la première n’augmente pas la richesse sociale, mais mène à une redistribution de la richesse existante.

Pour un empiriste, de telles propositions doivent être interprétées soit comme n’énonçant rien d’empirique du tout et n’étant que de simples conventions de langage, soit comme des hypothèses perpétuellement testables15 et provisoires. Pour nous, comme pour le bon sens, elles ne sont rien de tout cela. En fait, il nous semble tout à fait fallacieux de dépeindre ces propositions comme n’ayant aucun contenu empirique. Manifestement, elles affirment quelque chose sur des objets et d’événements « réels » ! Et il semble de même fallacieux de considérer ces propositions comme des hypothèses. Les propositions hypothétiques, telles que communément comprises, sont des déclarations telles que celles-ci : Les enfants préfèrent McDonald’s à Burger King. À l’échelle mondiale, le ratio d’achat du bœuf comparé à celui de porc est de 2:1. Les Allemands préfèrent l’Espagne à la Grèce comme destination de vacances. Des études plus longues en école publique conduiront à des salaires plus élevés. Le volume des achats peu avant Noël dépasse celui des achats peu après Noël. Les catholiques votent majoritairement « Démocrate ». Les Japonais épargnent un quart de leur revenu disponible. Les Allemands boivent plus de bière que les Français. Les États-Unis produisent plus d’ordinateurs que tout autre pays. La plupart des habitants des États-Unis sont blancs et d’origine européenne. De telles propositions exigent la collecte de données historiques pour être validées. Et elles doivent être continuellement réévaluées, car les relations affirmées ne sont pas nécessaires (mais « contingentes ») ; au sens qu’il n’y a rien d’intrinsèquement impossible, d’inconcevable, ni simplement de faux à supposer le contraire de ce qui précède ; p. ex., que les enfants préfèrent Burger King à McDonald’s ou que les Allemands préfèrent la Grèce à l’Espagne, etc. En revanche, ce n’est pas le cas des propositions théoriques citées plus haut. Nier ces propositions et supposer, par exemple, qu’une plus petite quantité d’un bien pourrait être préférée à une plus grande quantité du même bien, que ce qui est consommé maintenant peut être consommé à nouveau dans le futur, ou que la comptabilité analytique pourrait être réalisée sans prix des facteurs, frappe comme absurde ; et quiconque se lançant dans la « recherche empirique » et « l’expérimentation » pour déterminer laquelle de ces deux propositions contradictoires est avérée ou pas, se révèle soit un fou, soit un imposteur.

Selon l’approche adoptée ici, les propositions théoriques telles que celles juste citées sont acceptées pour ce qu’elles semblent être : des déclarations sur des faits et des relations nécessaires. Comme telles, elles peuvent être illustrées par des données historiques, mais ces dernières ne peuvent ni les établir ni les réfuter. 16 Au contraire. Même si l’expérience historique est nécessaire pour saisir, au début, un concept théorique, ce concept porte sur des faits et des relations qui dépassent et transcendent logiquement toute expérience historique particulière. Ainsi, une fois qu’un concept théorique a été assimilé, il peut être utilisé comme une norme constante et permanente de « critique », c.-à-d. dans le but de corriger, réviser et rejeter ou accepter des rapports ou des interprétations historiques. Par exemple, sur la base de concepts théoriques, il doit être considéré comme impossible que plus d’impôts et de réglementations puisse causer un niveau de vie plus élevé. Un niveau de vie ne peut être plus élevé qu’en dépit de la hausse des taxes et des réglementations. De même, les concepts théoriques peuvent exclure, comme vides de sens, des rapports tels qu’une consommation accrue ayant conduit à une production accrue (croissance économique), que des prix inférieurs à l’équilibre du marché (maximum) aient entraîné des excédents de biens invendus, ou que l’absence de démocratie ait été responsable du dysfonctionnement économique du socialisme. Sur le plan théorique, seules plus d’épargne et la formation de capital et/ou des gains de productivité peuvent mener à une production accrue, seuls des prix garantis au-dessus de l’équilibre du marché (minimums) peuvent donner des excédents durables, et seule l’absence de propriété privée est responsable de la situation économique désastreuse sous le socialisme. Et, pour réitérer, aucun de ces concepts ne requiert d’études ni de tests empiriques supplémentaires. Les étudier ou les expérimenter est un signe de confusion.

Lorsque j’indiquais plus tôt que ceci n’est pas le travail d’un historien mais d’un économiste et philosophe politique, je ne voyais évidemment là aucun désavantage. Bien au contraire. Comme indiqué, les historiens en tant qu’historiens ne peuvent rationnellement trancher entre des interprétations incompatibles d’un même jeu de données ou séquence d’événements ; dès lors, ils sont incapables d’apporter des réponses aux questions sociales les plus importantes. Le principal avantage de l’économiste et philosophe politique sur le simple historien (et les avantages à tirer de l’étude de l’économie politique et de la philosophie par l’historien) tient à sa connaissance de la théorie sociale pure (a priori), lui permettant d’éviter des erreurs autrement inévitables dans l’interprétation des suites de données historiques complexes et de présenter un récit de l’histoire théoriquement corrigé ou «reconstruit» et résolument critique ou «révisionniste».

Basée sur et motivée par des concepts théoriques fondamentaux de l’économie politique et de la philosophie politique (l’éthique), je propose dans les études suivantes la révision de trois croyances — certes presque mythiques — et interprétations centrales de l’histoire moderne.

Conformément aux concepts théoriques élémentaires quant à la nature de la propriété et possession privées par opposition à la propriété et l’administration « publiques », et des entreprises par opposition aux administrations (ou des États), je propose d’abord une révision de la vision dominante des monarchies héréditaires traditionnelles et apporte à l’inverse une interprétation inhabituellement favorable de la monarchie et de l’expérience monarchique. En bref, le régime monarchique est théoriquement reconstruit en tant que régalien de propriété privée17, lequel à son tour est expliqué comme favorisant l’orientation vers l’avenir et la préoccupation envers la valeur du capital et du calcul économique par les dirigeants étatiques. Ensuite, tout aussi peu orthodoxe, mais selon le même angle théorique, la démocratie et l’expérience démocratique sont passées sous une lumière atypique et défavorable. L’appareil démocratique est reconstruit comme appareil de propriété publique, expliqué comme conduisant à l’orientation vers le présent et au mépris ou à la négligence envers la valeur du capital par les dirigeants étatiques, et la transition de la monarchie à la démocratie est interprétée en corollaire comme un déclin civilisationnel.

La troisième révision proposée est encore plus fondamentale et nonorthodoxe.

Même si le portrait de la monarchie dressé est comparativement favorable, je ne suis pas un monarchiste et ce qui suit n’est pas une défense de la monarchie. Au contraire, la position prise à l’égard de la monarchie est la suivante : Si on doit avoir un État, défini comme un organisme qui exerce un monopole territorial obligatoire de la prise de décision en dernier ressort (la juridiction) et de l’imposition, alors il est économiquement et éthiquement avantageux de choisir la monarchie plutôt que la démocratie. Mais cela laisse la question ouverte de savoir si un État est nécessaire ou non, c.-à-d. s’il existe une alternative aux deux, à la monarchie et à la démocratie. À nouveau, l’histoire ne peut apporter de réponse à cette question. Par définition, il ne peut y avoir «d’expérience» contre factuelle ni d’alternatives ; et tout ce qu’on trouve dans l’histoire moderne, du moins concernant le monde occidental développé, est l’histoire d’États et de l’étatisme. À nouveau, seule la théorie peut apporter une réponse, car les propositions théoriques, comme juste illustré, concernent des faits et des relations nécessaires ; et par conséquent, tout comme elles peuvent être utilisées pour exclure certains rapports et interprétations historiques pour faux ou impossibles, elles peuvent aussi être utilisées pour inclure certaines autres choses possibles sur le plan constructif, même si de telles choses n’ont jamais été vues ni tentées.

Ensuite, en opposition totale avec l’opinion orthodoxe en la matière, la théorie sociale élémentaire montre, et sera expliquée comme telle, qu’aucun État ainsi défini ne peut être justifié, que ce soit économiquement ou éthiquement. Au contraire, chaque État, quelle que soit sa constitution, est économiquement et éthiquement déficient. Tout monopoleur, y compris celui de la prise de décision en dernier ressort, est « mauvais » du point de vue des consommateurs. Le mot monopole est interprété ici dans son sens classique, comme l’absence de libre accès à une ligne de production donnée : une seule agence, A, a le droit de produire X. Tout tel monopoleur est « mauvais » pour les consommateurs parce que dans sa chaîne de production à l’abri des nouveaux entrants potentiels, le prix de son produit sera plus élevé et la qualité moindre qu’autrement. En outre, personne n’accepterait une disposition qui permettrait à un monopoleur de la prise de décision en dernier ressort, c.-à-d. l’arbitre et juge final de chaque cas de conflit interpersonnel, de déterminer unilatéralement (sans le consentement de tous les intéressés) le prix à payer pour son service. Ainsi, le pouvoir d’imposer est éthiquement inacceptable. En effet, un monopoleur de la prise de décision en dernier ressort doté du pouvoir de taxer ne produit pas seulement moins de justice et de moindre qualité, mais il produira de plus en plus de « maux », c.-à-d. d’injustice et d’agression. Ainsi, le choix entre la monarchie et la démocratie est un choix entre deux ordres sociaux défectueux. En fait, l’histoire moderne fournit une ample illustration des défaillances économiques et éthiques de tous les États, qu’ils soient monarchiques ou démocratiques.

De plus, cette même théorie sociale démontre positivement la possibilité d’un ordre social alternatif exempt des défaillances économiques et éthiques de la monarchie et de la démocratie (ainsi que de toute autre forme d’État). Le terme adopté ici pour un système social dépourvu de monopole et de taxation est « l’ordre naturel ». D’autres noms utilisés ailleurs ou par d’autres pour référencer la même chose incluent « l’anarchie ordonnée », « l’anarchisme de propriété privée », « l’anarchocapitalisme », « l’autogouvernance », « la société de droit privé » et « le capitalisme pur ».

Au-delà de la monarchie et de la démocratie, ce qui suit a rapport avec la « logique » d’un ordre naturel, où chaque ressource rare est de possession privée, où chaque entreprise est financée par des clients qui paient volontairement ou des donateurs privés, et où l’accès à toute ligne de production, y compris celles des services de justice, de police et de sécurité, est libre. C’est par opposition à un ordre naturel que les erreurs économiques et éthiques de la monarchie sont mises en évidence. C’est face au contexte d’un ordre naturel que les erreurs encore plus grandes du fait de la démocratie sont clarifiées et que la transformation historique de la monarchie vers la démocratie est révélée comme un déclin civilisationnel. Et c’est en raison du statut logique de l’ordre naturel comme la réponse théorique au problème fondamental de l’ordre social — comment protéger la liberté, la propriété et la recherche du bonheur — que ce qui suit inclut également des discussions approfondies de questions et préoccupations stratégiques, c.-à-d. des exigences du changement social et en particulier de la transformation radicale de la démocratie vers l’ordre naturel.

En dépit des interprétations et des conclusions non-orthodoxes dégagées dans les études suivantes, les théories et théorèmes utilisés pour ce faire ne sont certainement pas nouveaux ni non-orthodoxes. En effet, si on suppose, comme je le fais, qu’il existe une théorie et des théorèmes sociaux a priori, alors il faut s’attendre à ce que l’essentiel de ce savoir soit ancien et que les progrès théoriques soient douloureusement lents. Cela semble bien être le cas. Dès lors, même si mes conclusions peuvent sembler radicales ou extrêmes, en tant que théoricien, je suis résolument un conservateur. Je m’inscris dans une tradition intellectuelle qui remonte au moins aux scolastiques espagnols du XVIe siècle et qui a trouvé son expression moderne la plus claire en l’école d’économie dite autrichienne : la tradition de pure théorie sociale représentée avant tout par Carl Menger, Eugen von Böhm-Bawerk, Ludwig von Mises et Murray N. Rothbard.

Précédemment, j’ai évoqué l’Autriche des Habsbourg et les États-Unis d’Amérique comme les pays associés le plus étroitement et respectivement à l’ancien régime monarchique et à la nouvelle ère actuelle démocratique et républicaine. Ici, nous retrouvons l’Autriche des Habsbourg de nouveau et nous découvrons une autre raison pour que les travaux suivants puissent également être appelés « Un point de vue autrichien sur l’ère américaine ». L’école autrichienne d’économie se classe parmi les plus remarquables des nombreuses traditions intellectuelles et artistiques originaires de l’Autriche d’avant la Première guerre mondiale. Cependant, comme un des nombreux résultats de la destruction de l’Empire des Habsbourg, la troisième génération de l’école, menée par Ludwig von Mises, fut déracinée d’Autriche et du continent européen et, avec l’émigration de Mises à New York en 1940, exportée aux États-Unis d’Amérique. Et c’est en Amérique que la théorie sociale autrichienne a pris ses racines le plus fermement, notamment grâce au travail du remarquable disciple américain de Mises, Murray N. Rothbard.

Les études suivantes sont écrites du point de vue de la théorie sociale autrichienne moderne. Tout au long, l’influence de Ludwig von Mises et encore plus celle de Murray N. Rothbard, est perceptible. Les théorèmes élémentaires d’économie et philosophie politique qui sont utilisés ici dans le but de reconstruire l’histoire et de proposer une alternative constructive à la démocratie, ont trouvé leur traitement le plus détaillé dans les principaux travaux théoriques de Mises et Rothbard.19 En outre, bon nombre des sujets abordés dans ce qui suit ont également été traités dans leurs nombreux travaux appliqués. Au-delà, les études suivantes partagent avec Mises et en particulier Rothbard une position anti-étatiste fondamentale et robuste, et favorisant la propriété privée et la libre entreprise.

Malgré cela, les études suivantes peuvent à deux égards prétendre à l’originalité. D’une part, elles permettent une compréhension plus approfondie de l’histoire politique moderne. Dans leurs travaux appliqués, Mises et Rothbard ont traité de la plupart des questions et événements économiques et politiques centraux du XXe siècle : socialisme contre capitalisme, monopole contre concurrence, propriété privée contre propriété publique, production et échange contre fiscalité, réglementation et redistribution, etc. et tous deux ont décrit en détail la croissance rapide du pouvoir étatique au XXe siècle et expliqué ses conséquences économiques et morales délétères.

Cependant, bien qu’ils aient fait preuve d’une perspicacité et d’une clairvoyance exceptionnelles dans ces efforts (surtout par rapport à leurs homologues empiristes-positivistes), ni Mises, ni Rothbard n’ont systématiquement tenté de chercher la cause du déclin de la pensée libérale classique et du capitalisme de laissez-faire et de la montée concomitante des idéologies politiques anticapitalistes et de l’étatisme au XXe siècle. Certes, ils ne voyaient pas la démocratie comme en étant une cause. En fait, bien que conscients des lacunes économiques et éthiques de la démocratie, Mises comme Rothbard avaient un faible pour la démocratie et avaient tendance à considérer la transition de la monarchie vers la démocratie comme un progrès. En revanche, j’expliquerai la croissance rapide du pouvoir étatique au cours du XXe siècle, déploré par Mises et Rothbard, comme le résultat logique de la démocratie et de l’esprit démocratique, c.- à-d. la croyance (erronée) de l’efficacité et/ou de la justice de propriété publique et du régime populaire (majoritaire).

D’autre part, sur base de cette compréhension plus profonde et « révisionniste » de l’histoire moderne, les études suivantes parviennent également à une « meilleure » compréhension — plus claire et plus fine — de l’alternative constructive au statu quo démocratique, c.-à-d. l’ordre naturel. Il y a des explications détaillées sur le fonctionnement d’un ordre naturel comme système social sans État, avec des organismes d’assurance librement financés servant de fournisseurs compétitifs de l’ordre public. Et il y a des discussions tout aussi détaillées sur les questions stratégiques. En particulier, il y a des discussions détaillées sur la sécession et la privatisation comme principaux vecteurs et moyens par lesquels surmonter la démocratie et établir un ordre naturel.

Chacun des chapitres suivants est autonome et peut être lu séparément. Bien que cela implique un certain chevauchement thématique entre les chapitres, ils se combinent en un ensemble théorique progressif et extensif. Par ces études, je souhaite promouvoir en particulier la tradition de la théorie sociale autrichienne et contribuer à sa réputation non seulement comme un bastion de vérité, mais aussi inspirante, enthousiasmante et rafraîchissante.

Et par la même occasion, mais plus généralement, je souhaite promouvoir et contribuer à la tradition de cette grande théorie sociale, englobant l’économie politique, la philosophie politique et l’histoire, y compris les questions normatives et positives. Un terme approprié pour ce genre d’entreprise intellectuelle semblerait être « sociologie ». Mais alors que le terme « sociologie » a parfois été utilisé dans ce sens, sous l’influence dominante de la philosophie empiriste-positiviste, le terme a acquis une signification et une réputation tout à fait différentes. Selon la doctrine empiriste, les questions normatives ne sont pas du tout des questions «scientifiques» et il n’existe aucune théorie a priori. Cela en gros exclut d’emblée la grande théorie sociale car «non-scientifique».

En conséquence, l’essentiel de ce qui passe de nos jours pour de la sociologie n’est pas juste totalement faux, mais aussi sans pertinence et sans intérêt. En revanche, les études suivantes sont tout ce qu’un bon positiviste affirme qui ne se peut et ne doit être : interdisciplinaires,guidées par la théorie et traitant à la fois des questions positivesempiriques et normatives. J’espère démontrer, par l’exemple, que c’est la bonne approche ainsi que la plus intéressante.

Hans-Hermann Hoppe

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