Le 25 février dernier, Josep Borrell, le haut représentant des affaires étrangères de l’Union Européenne et vice-président de la Commission européenne, rédigeait un article sur le site du service diplomatique de l’UE.

Cet article résume son intervention lors de la Conférence de Munich sur la Sécurité.

Lors de cette intervention, il a partagé les 4 grands points selon lui, sur lesquelles l’Union Européenne devrait se concentrer ainsi que le Nouvel Agenda Politique de l’UE.

Les 3 premiers points sont la soupe habituelle :

• soutenir l’Ukraine (et dépeindre la Russie comme le mal absolu)
• essayer de gérer la situation à Gaza
• réarmer l’Union Européenne et l’Occident

Mais c’est le 4ème point qui est intéressant.

Même s’il l’explique dans une perspective défensive à destination des élites occidentales, Josep Borrell avoue la réalité du monde multipolaire.

Lorsqu’on lit entre les lignes belliqueuses, on comprend qu’il avoue enfin la situation du monde.

Il explique qu’il faut éviter un scénario de type « l’Occident vs tous les autres » et admet que le monde entier hors occident est bien conscient et ne se laisse plus faire face au « deux poids, deux mesures » Occidental.

Il explique en détail son constat et les actions à prendre dans le nouvel agenda politique de l’Union Européenne et je ne peux pas faire mieux que le citer lui-même.

La troisième problématique stratégique actuellement dans notre agenda concerne nos relations avec les pays dits du « Sud Global ».

Je sais que le terme « Sud global » recouvre des réalités très différentes, mais il soulève néanmoins une vraie question. Si les tensions géopolitiques mondiales actuelles continuent d’évoluer dans le sens de « l’Occident contre le reste », l’avenir de l’Europe risque d’être sombre.

L’ère de la domination occidentale est en effet définitivement révolue.

Et même si cela a été compris théoriquement, nous n’avons pas toujours tiré toutes les conclusions pratiques de cette nouvelle réalité.

La combinaison de la guerre d’agression contre l’Ukraine et de la guerre à Gaza a considérablement accru ce risque, comme nous l’avons vu récemment au Sahel et ailleurs en Afrique.

Nombreux sont ceux qui, dans le « Global South », nous accusent d’avoir « deux poids, deux mesures ».

La Russie a réussi à tirer profit de la situation bien que sa guerre d’agression contre l’Ukraine soit typiquement impérialiste et colonialiste. Nous devons nous opposer à ce discours, mais aussi ne pas nous contenter de mots : au cours des prochains mois, nous devrons déployer des efforts considérables pour regagner la confiance de nos partenaires.

Plus loin il explique :

Il est clair que le vent souffle contre l’Occident, il souffle contre nous.

Et nous devons gagner la bataille des narratifs, sur le Moyen-Orient et sur l’Ukraine.

Il y a deux ans, nous avons lancé la Boussole stratégique et j’ai dit : « L’Europe est en danger, l’Europe est en danger. »

Personne n’y a prêté attention.

Aujourd’hui, tout le monde en parle.

Tout le monde parle de sécurité et de défense, d’un commissaire à la défense, de structures de défense, d’acquisitions de défense, d’industrie de la défense… Et à juste titre.

Ce n’est pas trop tôt.

Malheureusement pour l’Union Européenne et ce pauvre Josep, j’ai bien peur que ce soit trop tard et que la confiance soit définitivement brisée.

L’hypocrisie, les mensonges et les crimes occidentaux risquent de rester éternellement dans les mémoires du Sud Global.

Sa guerre anti-russe ne fait qu’amplifier les signaux alarmants pour tous les autres pays du monde et leurs sympathies envers la Russie qui se défend face à l’encerclement de l’OTAN.

La guerre des narratifs, l’Occident l’a déjà perdu en réalité.

Désormais l’Occident est en guerre contre lui-même, car il n’a pas besoin du Sud Global pour s’effondrer, uniquement d’un peu de patience.

Source :

Munich Security Conference: the four tasks on the EU’s geopolitical agenda

Munich Security Conference: High Representative Josep Borrell on the new geopolitical agenda

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