Littérature
Tolkien, conteur d’Europe

Il y a bien des années que ma route croisa celle d’un certain Tolkien..

Jamais je n’aurais pu me douter que cet homme allait autant impacter ma vie.

L’immensité de l’oeuvre, en terme de beauté, de noblesse, de profondeur, de folklore, de richesse et de magie dont m’innondèrent les écrits de ce brillant auteur résonnent encore aujourd’hui dans mon esprit, vingt ans après que du haut de mes 7 ans, j’attrapais pour la première fois un livre étrange parmi d’autres, appelé “Le Hobbit.”

J’étais bien loin d’imaginer qu’au moment où je posais mes yeux pour la première fois sur cette fameuse ligne “Au fond d’un trou, vivait un hobbit…” j’allais littérallement être happé dans un univers qui avait nourrit des millions de lecteurs avant moi.

À l’autre bout de la planète, l’un de ces millions de lecteurs d’ailleurs, plus vieux de quelques décénnies et originaire de Nouvelle-Zélande, réalisateur de génie, le fameux Peter Jackson, allait adapter à l’écran l’univers de Tolkien l’année suivante…

Se retirant en Nouvelle-Zélande avec toute son équipe de tournage, il tournera sa trilogie quasiment d’une seule traite, pendant plus d’un an.

Sans le savoir, il allait créer la plus grande saga de l’histoire du cinéma.

Un chef d’oeuvre monumental, jamais égalé. Une trilogie d’une durée totale de plus de 11 heures, ayant rapporté presque 3 milliards de dollars (chiffre astronomique) et remportant 17 Oscars.

Du jamais vu.

Et ce succès qui eu l’effet d’un tremblement de terre sur la planète entière, marqua toute une génération dont je fais partie et qui ne jureront jusqu’à leur mort que par une seule trilogie de films suprême : Le Seigneur des Anneaux.

À partir de ce moment, un raz de marée allait se jeter sur les écrits de Tolkien et des millions de lecteurs découvraient ou redécouvraient avec un oeil enthousiaste cet univers grandiose.

Bien des années passèrent. Comme beaucoup dans le monde, tout au long de ma jeunesse, j’enchainais avec une avidité sans fin les écrits de Tolkien, les produits dérivés de la trilogie des films, les jeux vidéos, les dessins animés, les reportages, les objets collector et autres.

Tout ce qui touchait de près ou de loin à celui que je considère comme le plus grand romancier de tous les temps, je l’épluchais encore et encore.

Mais aujourd’hui encore, je rencontre toujours beaucoup de personnes, qui parfois connaissent les films (très bien même pour certaines) et parfois même quelques unes qui ne les ont jamais vus. Mais à ma grande surprise, je constate presque toujours que la majorité des gens ne s’arrêtent qu’aux films.

Et pourtant c’est bien dommage, car les films ne sont que la pointe de l’icerbeg pour ce qui est de l’univers de Tolkien. Et je me donne pour mission, avec cet article, de rendre hommage à l’univers titanesque construit par l’écrivain, qui vous donnera je l’espère, l’envie de vous y pongler.

John Ronald Reuel Tolkien

Pour bien comprendre l’oeuvre, il faut d’abord connaître les grandes lignes de la vie de l’auteur, car les deux sont très liées. Plongeons-nous donc dans sa jeunesse.

Le jeune Tolkien, né en 1892 en Afrique du Sud, est un anglais dont la famille va revenir en Angleterre très peu de temps après sa naissance. Son père malheureusement mourra avant d’avoir pu les rejoindre d’un rhumatisme infectieux et très tôt, le jeune Tolkien se retrouvera seul avec son frère et sa mère.

Traversant des temps difficiles pour sa famille, logé chez ses grands parents, le jeune enfant rêveur grandira en développant son imagination grâce aux histoires de sa mère. Sans doute par échapattoire au monde assez dur qui l’entoure, il se réfugiera dans l’imaginaire et s’amusera avec ses amis à créer des langues afin de ne pas se faire comprendre des adultes.

Là va naître sa passion qui va le suivre toute sa vie : les langues.

Il est d’une curiosité infinie et cherchera toujours à étudier les différentes langues européennes, étudiant l’étymologie, les racines et l’émanation culturelle des langues qui renferment au final, l’âme de leurs peuples respectifs.

Étudiant très tôt le grec ancien à l’école et d’autres langues de manière autodidactque, il sera traumatisé par la mort de sa mère qui s’éteindra lorsqu’il avait 12 ans. Les orphelins Tolkien seront confiés à un prêtre qui les confiera à son tour à une tante éloignée.

Se montrant brillant à l’école, il obtiendra une bourse qui lui permettra d’étudier à Oxford, prestigieux chemin qui se dresse alors devant lui. Il étudiera et se spécialisera toujours plus dans les langues, pour y faire une carrière brillante, devenant un linguiste renommé et professeur à Oxford.

Le T.C.B.S et les Inklings

Pendant son enfance, il fera très tôt la connaissance de 3 autres garçons qui deviendront ses meilleurs amis. Ce groupe de 4 jeunes anglais restera un carré soudé jusqu’à leurs morts. Ils ne se quitteront plus et se nommeront le “T.C.B.S” signifiant “Tea Club, Barrovian Society”.

Ce groupe assez spécial, se retrouvant très souvent, formera une sorte de cercle, de club, où les 4 membres partageront leurs créations : poème, musique, écriture, dessin etc…

Le TCBS dans le film “Tolkien”

C’est ensemble que ces 4 membres traverseront les difficultés de la vie et notamment la plus dure d’entre toutes, qui prendra la vie d’un de ses membres : la Grande Guerre.

Réduit ensuite à un trio, cette perte laissera de grosses séquelles dans le groupe. Plus tard étant adultes, ils élargiront et remodèleront ce groupe qui évoluera pour se transformer dans le club des “Inklings” et accueillera de nombreux intellectuels au sein du cercle de lectures qui trouvera son QG dans le pub “The Eagle and Child“.

Parmi ces intellectuels réputés, comptera notamment un autre grand auteur, le créateur de Narnia : Clive Staple Lewis

Le QG des Inklings.

La Première Guerre mondiale

Comme dit plus haut, la Première Guerre mondiale aura un impact énorme sur la vie de Tolkien. Véritable traumatisme, il y puisera énormément d’inspiration et l’épreuve influencera grandement sa vision du monde.

Recruté comme la plupart des hommes valides anglais de l’époque, Tolkien et le TCBS vont traverser la Grande Guerre et devenir témoins de la violence de ce conflit.

Ensemble, les membres du TCBS vont traverser l’enfer embrasé de la guerre des tranchées et trouver refuge les uns dans les autres grâce à l’échapatoire imaginaire que leur procure le TCBS.

L’un des 4 membres, Rob Gilson, enverra sa dernière lettre à Tolkien avant de trouver la mort pendant la bataille de la Somme. Il écrira :

« Jamais je n’ai ressenti avec plus de force […] la vérité de tes propos relatifs à l’oasis du TCBSianisme. Pour l’heure la vie est un véritable désert : et un désert embrasé. Le TCBS n’a jamais méprisé l’épreuve du feu […] mais dernièrement, de mon côté, l’épreuve a crû en intensité. Néanmoins […] je ne saurais dire à quel point je suis reconnaissant de toutes les bouffées d’air frais que les divers membres du TCBS m’ont procurées de temps à autre.»

Si vous souhaitez tout savoir dans les détails du passage de Tolkien et des membres du TCBS pendant la Grande Guerre, vous pouvez consulter l’excellent article sur le sujet.

Sa femme, Edith

De retour en Angleterre à la fin de la Grande Guerre, il épousera la seule fille dont il était amoureux depuis l’enfance : Edith Mary Bratt.

John et Edith Tolkien.

John Tolkien fut amoureux de sa femme durant toute sa vie et leur relation fut une autre pierre angulaire de son oeuvre. Lui apportant beaucoup de soutien et d’inspiration, la relation avec sa femme fut immortalisée à l’intérieur de son univers en la figure des deux amants Beren et Lúthien.

D’ailleurs, à sa mort, John Tolkien fit enterrer sa femme sous le surnom “Lúthien“. Une fois décédé lui-même quelques années plus tard, sa volonté fut de la rejoindre dans la tombe sous le nom de “Beren“.

La tombe de John & Edith Tolkien.

Ce lien très fort et spécial entre Tolkien et sa femme fut donc symboliquement transposé dans l’histoire des deux personnages de Beren & Lúthien, un homme et une princesse elfe qui s’aimèrent envers et contre tout.

Cette même alliance d’ailleurs influencera au sein même de l’univers une nouvelle alliance encore plus symbolique qui sera celle de Aragorn & Arwen, dans son roman principal, Le Seigneur des Anneaux.

Si vous souhaitez en savoir plus sur Beren & Lúthien, un livre y est dédié, que vous pourrez retrouver en bas de cet article. Si vous souhaitez également avoir une meilleure vision d’ensemble de la jeunesse de Tolkien, vous pouvez visionner le film sorti en 2019 qui se focalise sur le début de la vie de Tolkien.

Le film Tolkien.

La langue comme colonne vertébrale

Maintenant que nous avons vu les grandes lignes de la vie de l’auteur, intéressons-nous à son oeuvre. Et ce qui est frappant avec la manière d’écrire de Tolkien ainsi que la façon qu’il a de créer son univers, c’est que sa démarche est quasiment l’inverse de ce qui se fait couramment et qu’elle va à l’opposé de la plupart des romanciers de fantasy.

Dans la plupart des cas, les romanciers ont en en tête un début d’histoire, parfois un héros, ou un objet magique, et ensuite ils vont coudre autour pour créer un récit cohérent, allant en général du plus large, au plus précis. Les romanciers en grande majorité utilisent cette méthode pour avoir du recul.

Via cette méthode, la langue intervient en général très tardivement dans l’oeuvre. La plupart des auteurs ne se donnant même pas la peine d’inventer des langues pour leurs univers, ils utilisent les langues réelles. Et le peu qui vont s’aventurer à l’excercice de création d’une langue pour leur univers vont surtout le faire pour “faire illusion”. Inventant bien souvent quelques mots par-ci par là pour donner une impression de profondeur.

En général, cela ne va pas plus loin, car après tout, tout le monde n’est pas linguiste. Et construire une véritable langue complète, cohérente, avec une grammaire, une syntaxe et une construction étymologique solide, c’est un travail monstrueux qui prend des années.

Mais comme vous le savez maintenant, Tolkien lui, part de la démarche inverse, puisque les langues, c’est son point fort, même mieux, c’est son métier. L’univers de Tolkien va naître presque par hasard, ce ne sera qu’une “conséquence” des langues qu’il s’amusera à construire.

L’invention d’un mot, de son étymologie et de son sens, sera souvent l’élément déclencheur de son imagination. Il inventera ensuite tout ce qui tourne autour. Pour Tolkien, la méthodologie est donc très atypique, il part du plus petit pour s’étendre vers le plus grand.

Au fur et à mesure qu’il invente des langues, il inventera les peuples qui sont censés les parler, en leur créant une ethnie, une culture, un environnement, une mythologie, une histoire.

C’est cette manière de procéder qui rend l’oeuvre de Tolkien si parfaite, si réaliste, car à chaque fois qu’on lit la moindre page d’un de ses récits, et qu’on s’amuse à creuser plus loin les détails, l’histoire de tel ou tel personnage, ou d’un lieu, on peut remonter toute une généalogie, et même revenir à l’étymologie de chaque mot, ce qui est ébouriffant. L’univers ne présente aucune faille. Tout est d’une cohérence parfaite.

Cette immense quantité d’informations toutes connectées les unes aux autres donne la sensation étrange au lecteur de ne pas être en train de lire un univers imaginaire, mais de bel et bien se renseigner dans des livres d’Histoire. On croirait à s’y mépandre lorsque l’on plonge dans ses récits être en train de lire un passage de l’Histoire de l’Europe.

Et d’ailleurs, ce n’est pas totalement une sensation, car son brillant talent de linguiste qui lui permet de construire des langues complètes est étroitement lié à sa capacité à aller puiser dans les mythes et légendes d’Europe.

Ainsi, pour transposer l’âme de l’Europe dans son univers, il va savamment réutiliser et mélanger la culture européene déjà existante, pour venir la sublimer. Il va aller rechercher l’inspiration dans énormément de sources : les différentes mythologies des scandinaves, des grecs et autres. Il va aussi piocher dans le folklore anglo-saxon, germanique, celte etc… Il va donc directement utiliser des récits et légendes du continent Européen pour ficeler son propre univers.

La légende arthurienne comme héritage

L’un de ses principaux récits d’inspiration n’est d’ailleurs pas anodin, puisqu’il s’agit de la légende arthurienne, l’épopée anglaise par excellence qui va jouer un grand rôle dans la création de son univers.

D’ailleurs Tolkien s’essayera directement à l’écriture du mythe arthurien avec son roman “la Chute d’Arthur” (voir livre en bas de cet article).

Les éléments puisés dans le cycle arthurien sont disséminés un peu partout dans l’oeuvre de Tolkien, on peut par exemple reconnaître la Dame du Lac dans le personnage de Galadriel. La reine Elfe étant elle aussi mise sous le signe de l’eau grâce à son anneau Nenya. Elle interviendra comme une guide, une sorcière, une voyante, habitant dans les forêts mystérieuses, elle confiera des armes et outils aux héros de la communauté de l’Anneau, beaucoup d’éléments rappelant les caractéristiques de la Dame du Lac.

On peut voir également la réutilisation de l’idée d’une terre sacrée réservée aux élus après la mort, une sorte de paradis, que Tolkien trouvera en s’inspirant de Avalon, l’île où est envoyé Arthur après sa mort. Il remodélera cette île pour en faire Valinor.

On peut également voir dans les fameuses épées elfiques et magiques, une idée d’Excalibur transparaître. Surtout avec le cas de l’épée Anduril, car c’est seulement au moment où Aragorn, l’héritier du trône, recevra cette épée qu’il acceptera et assumera pleinement son rôle de roi.

Un autre exemple flagrant d’inspiration est Merlin l’Enchanteur que Tolkien réincarnera en la figure de Gandalf.

Gandalf, la figure éternelle de Merlin. (Illustration : Petar Meseldzija)

Tous ces éléments seront autant de bribes de l’âme européenne, des anciens rites et croyances païennes, qui donneront une aura toute particulière à son univers, comme une sensation de familiarité.

Tristan & Yseult réincarnés

Un autre élément étant connecté à l’univers arthurien fut l’histoire de Tristan & Yseult, qui servit comme source à la création de Beren & Lúthien puis de Aragorn & Arwen. Un mythe important de l’Europe, repris également et revitalisé dans l’oeuvre de Tolkien.

Mais le mythe arthurien n’est pas la seule source principale de la construction du récit de l’auteur. Car pour ce qui des langues, des grands fondamentaux et des mythologies au sein de son univers, c’est vers la culture scandinvave que Tolkien va se tourner.

La mythologie et le folklore scandinave comme socle

Le continent fictif où se passe la majorité des aventures de ses romans se nomme la “Terre du Milieu”. Pas un hasard puisque dans la mythologie nordique, l’univers est constitué de plusieurs mondes, Asgard étant le royaume des dieux, et Midgard, le royaume des hommes.

Midgard signifiant littéralement en vieux norrois (l’ancienne langue scandinave de la période médiévale) le “Royaume du Milieu”, là où vivent les Hommes. Tolkien le confirmera lui-même sous plusieurs angles, comme par exemple avec cette phrase retrouvée dans l’une de ses lettres :

“La Terre du Milieu” n’est pas le nom d’une région qui n’a jamais existé. […] Il s’agit seulement d’un emploi du moyen anglais middel-erde (ou erthe), altération du vieil anglais Middangeard, nom donné à la terre habitée par les Hommes, “entre les mers”. TOLKIEN

Tandis que le cycle arthurien sert de socle au côté humain, les chevaliers du Gondor ou du Rohan étant les dignes héritiers de ceux de Camelot, les créatures “magiques” vont quant à elles être puisées du côté scandinave, tout comme le socle de ses constructions linguistiques.

Le bestiaire des elfes, des orques, des nains et bien d’autres vont être une émanation directe de la culture scandinave sous la plume de Tolkien. L’écrivain va ressuciter un grand nombre de créatures qui avaient été complétement oubliées par les européens après des siècles de christianisme.

Grand spécialiste des sagas nordiques et ayant contribué lui-même à la redécouverte de la Légende de Beowulf (voir livre en bas de cet article) il va permettre à toute la culture scandinvave de revivre en s’infusant dans son univers.

Les inspirations sont innombrables, comme vous pouvez le lire dans cet article traitant spécifiquement du sujet que je vous recommande chaudement.

Toute la question de l’inspiration germano-scandinave de Tolkien est également très bien traitée par notre partenaire l’Institut Iliade qui en a fait un excellent article.

D’ailleurs, une série d’articles très intéressants et très complémentaires au nôtre ont été produits par l’Institut Iliade, nous vous les recommandons :

La critique de l’industrialisation

L’une des pensées profondes de Tolkien qui va marquer son oeuvre est également une vision très positive et européenne de la nature. La dualité pour lui se fait entre la nature, la ruralité, les forêts et le naturel au sens large du terme d’un côté, et de l’autre côté, l’industrialisation, la machine, le modernisme et l’artificiel.

D’ailleurs, ce sera littérallement en allant chercher l’aide de la forêt, incarnée par les Ents, que Merry & Pippin vaincront l’Isengard. Symbolique forte de la nature reprenant ses droits.

Tolkien dans sa vision est donc très proche d’un “Recours aux forêts” de Ernst Junger.

On pourra voir clairement cette dualité entre modernisme et naturel, lorsque par exemple on constate que les races du bien et de la lumière, comme les Hobbits ou les Elfes, vivent en adéquation avec la nature alors que les orcs, incarnant le mal, rasent les forêts et vivent dans des déserts de cendres, fabriquant des machines.

Le mal, toujours en progrès, mais jamais inné

Ces orcs, les serviteurs du mal, parlons-en d’ailleurs.

Au premier abord, pour un non-inité, en voyant les héroïques chevaliers du Gondor dans leurs armures brillantes, pourfendre par dizaines les bélliqueux et diformes orcs, on pourrait croire que le monde de Tolkien est très manichéen, voire simpliste.

Or, il n’en est rien. Et rien ne saurait être plus faux.

Car l’une des lignes directrices dans la pensée de Tolkien est que le mal n’est jamais inné, il est surtout la conséquence de la corruption, de l’avidité, de la jalousie. Les ténèbres ne peuvent exister que par absence de lumière.

Cette thématique, on la retrouve partout dans l’oeuvre de l’écrivain. Il la martèle presque à certains moments. C’est parce que les hommes sont faillibles qu’ils causent l’avénement du mal, c’est parce qu’ils se laissent aller aux mauvaises tentations qu’ils permettent au mal de prendre le dessus. Le mal ne vient donc jamais de nulle part, il est en nous, et c’est à chacun de nous de faire le choix de favoriser la lumière plutôt que l’obscurité.

Tolkien l’écrira explicitement, en le mettant dans la bouche d’un de ses plus sages et illustres personnages :

“Car rien n’est mauvais au début. Même Sauron ne l’était pas.“

Elrond

Ce mal qui n’est causé que par la faiblesse de l’homme, l’absence de vertu ou la corruption, Tolkien va le montrer à travers d’innombrables points clés de son univers.

Quelques exemples :

C’est Isildur qui permet au mal de perdurer, comme le dit encore une fois si bien Elrond. Il laisse la soif de pouvoir et la corruption s’étendre dans son esprit au lieu de détruire l’anneau une bonne fois pour toutes.

Ce n’est pas un ennemi extérieur, mais bien le roi Théoden lui-même qui cause le déclin de son royaume en étant corrompu par Saroumane.

Saroumane lui-même, auparavant mage respecté défendant la lumière, bascule dans le mal à cause de sa soif de pouvoir.

Le Gondor sombre également dans le déclin à cause de l’avarice et la folie de Denethor.

La puissante civilisation de Numenor, se fait submerger uniquement car elle se laisse aller à la corruption de Sauron et à la soif de pouvoir.

Les Nazguls, serviteurs directs de Sauron, étaient autrefois des rois qui se sont laissés corrompre.

Le Balrog de la Moria, n’est rien autre que la conséquence directe de l’avidité des nains n’ayant pas pu s’empêcher de creuser trop profondément.

C’est Bilbon qui condamne les peuples libres en cachant l’anneau à Gandalf pendant des décennies pour son seul plaisir.

Mais plus important que tout autre élément, cette corruption est au final au coeur de son récit, puisqu’elle est la trame même du Seigneur des Anneaux. En effet, Sauron ne choisit pas par hasard le moyen de faire tomber les royaumes libres. Il le fait par la corruption des anneaux de pouvoir.

Il laisse doucement et progressivement ses anneaux ronger de l’intérieur chaque porteur, afin de les amener jusqu’à leur chute. Moyen indirect de montrer qu’il sait que le mal ne viendra pas de l’extérieur, mais bien de l’intérieur du coeur des hommes.

Le mal et la décadence viennent donc avant tout de la trahison des élites, qui se laissent aller à la cupidité, à la facilité et toutes ces autres formes de corruptions qui permettent ensuite l’invasion des forces du mal, qui ne viennent qu’achever ce qui est déjà bien entamé.

Mais pour Tolkien, rien n’est irréversible, et l’humain peut s’il en a la volonté, vaincre ses démons pour choisir à nouveau la lumière. Cette rédemption s’illustrera également dans certains éléments de son récit. On peut prendre deux exemples :

Boromir, qui se laisser aller à la corruption de l’anneau, se reprendra et fera le choix de se sacrifier pour défendre les hobbits, rachetant sa faute.

L’armée des morts, maudite car ayant par le passé trahit leur roi, se rachètera et sera délivrée de sa malédiction en faisant le choix d’aider la lumière.

D’ailleurs pour ce dernier exemple, Aragorn est également la preuve de la rédemption et du fait que tout se joue dans le coeur des hommes, qui ne doivent jamais céder à la facilité. Car dans un premier temps c’est lui qui décide d’aller au devant de sa peur pour aller chercher l’armée des morts et dans un deuxième temps, alors que la bataille de Minas Tirith est gagnée, il aurait pu décider de continuer d’utiliser l’armée à son avantage car très utile, mais il tient sa parole et les délivre.

Il résiste à ses démons et se montre plus fort moralement que son ancêtre Isildur, ce qui permet d’assurer un âge d’or durant son règne.

Sa vision politique du monde

Tolkien sera tout au long de sa vie profondément conservateur dans ses opinions politiques. Il défendra un état d’esprit traditionnel et s’opposera au progressisme, à l’industrialisation, à la modernisation et la mécanisation qu’il voyait d’un très mauvais oeil.

En 1943, il écrira à son fils Christopher : « Mes opinions politiques penchent de plus en plus vers l’Anarchie (au sens philosophique, désignant l’abolition du contrôle, non pas des hommes moustachus avec des bombes) — ou vers la Monarchie « non constitutionnelle ». » En 1956, il explique ne pas être démocrate « uniquement parce que « l’humilité » et l’égalité sont des principes spirituels corrompus par la tentative de les mécaniser et de les formaliser, ce qui a pour conséquence de nous donner, non modestie et humilité universelles, mais grandeur et orgueil universels. »

Ayant traversé de son vivant la Première et la Seconde Guerre mondiale, il s’opposera également farouchement au national-socialisme d’Hitler, qu’il critiquera à de nombreuses reprises.

Durant toute sa vie, il condamnera tous les régimes gauchistes, du communisme au nazisme, les qualifiant de régimes anti-naturels et faisant honte à leurs héritages. Surtout l’Allemagne, qu’il tenait en haute estime et dont il disait qu’Hitler n’avait rien compris à la véritable âme germanique.

Tout comme Winston Churchill, fier conservateur, Tolkien sera un barrage intellectuel aux idées racistes et racialistes utilisées constamment par la gauche, et défendra la tradition, la méritocratie et la monarchie naturelle.

Une madeleine de Proust sublime pour l’Européen

L’oeuvre monumentale de Tolkien, qu’on prend plaisir à lire et relire à tout âge, agit donc comme une vraie madeleine de Proust pour l’Européen. Elle permet de cristalliser en un seul diamant toute l’étendue et la richesse de la culture et la sagesse européenne. Elle agit comme un cap, une lumière, de l’espoir surtout en des temps difficiles.

Toute comme l’avait fait Homère il y a plus de 2000 ans, Tolkien reprend le flambeau à son tour de celui qui offre aux européens la flamme civilisationnelle.

Elle permet aux fils et filles d’Europe de trouver une résonnance, de comprendre leur identité, d’illustrer toute la majestuosité dont est capable ce peuple boréal.

Cet auteur prodigieux nous adresse le plus beau message et au final le seul qui compte vraiment :

“Tout ce que nous avons à décider, c’est ce que nous devons faire du temps qui nous est imparti.”GANDALF – TOLKIEN

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